Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les lignes et les images
25 novembre 2009

Harry Dans Tous Ses Etats (DECONSTRUCTING HARRY - 1997) - Woody Allen

Note personnelle : 4,5/5

e6041c17_2869_4622_8a2d_041246c865bfHarry Dans Tous Ses Etats, comédie grinçante et noire par Môssieur Woody, est une certaine parenthèse dans la carrière du vieil homme ; une bonne parenthèse pour ainsi dire, l’artiste jouant dans un rôle qui lui ressemble de façon frappante (plus frappante encore que pour la multitude de ses autres œuvres). Ce film n’est certes pas le plus connu, mais il est probablement le film le plus personnel de Woody Allen, ce qui ne change pas pour autant les thèmes qui lui sont toujours familiers.

Le film commence d’emblée par une mise en abyme : on y voit la mise en image d’un livre du personnage principal, Harry Block (joué donc par W. Allen). Seulement voilà, le gars dévoile sa vie et ses déboires dans ses livres, ajoutant évidemment une pointe de fantaisie (par exemple une grand-mère myope comme une taupe qui regarde sans voir deux personnages faire du « ça va ça vient » au bort de la fenêtre). A coté de ça, sa vie se dégrade, alcoolique et pervers (alors que le gars avoisine les 60 balais), il subit en plus de cela les injures de son entourage, notamment de ses ex et de sa demi-sœur, parce qu’il dévoile sa vie, donc en partie leurs vies, et le ton qu’il utilise n’est pas en la faveur de ces dames. Le film est drôle, franchement drôle malgré l’accumulation de termes autour de la pipe et de la baise qui parfois peut s'avérer lourde, même si cela montre bien l'aspect maladif du personnage central.

Cependant, le film est aussi très complexe : le thème principal est certainement la relation entre l’auteur et son œuvre, et c’est en quoi ce film me parait très personnel. Si sa vie est une catastrophe absurde en ce qui le concerne, l’art joue le rôle du sauveur. Il le dit lui-même, en remerciant dans une des dernières scènes les personnages de sa propre création, se retrouvant dans une cérémonie imaginaire. On peut  voir dans cette scène sa propre récompense, sa passion : à la base convoqué pour une cérémonie en son honneur d'écrivain, il finit en taule  pour ensuite être relâché et s’égarer dans ce rêve magnifique, cette illusion provoquée par son ivresse. On peut ici voir l'immersion dans la propre vie de Woody Allen, avec ce que lui procure l'art, et en même temps ce qu'il recherche en matière de reconnaissance (on peut souligner le mépris de l'artiste pour les récompenses, les trophées et les cérémonies). Cette scène d'échange chaleureux avec ses propres personnages, qui lui ressemblent et reflètent son monde, en somme un monde amélioré, est finalement source d’inspiration pour son prochain livre, comme le montre Harry qui s’acharne sur sa machine à écrire. Le délire du binoc600full_woody_allenlard est à proprement dire énorme, et le film très noir : la solitude ne laisse à l'auteur que l'art comme seul compagnon de route.

On peut aussi souligner l’audace de l’artiste à rendre flou un grand acteur comme Robin Williams, ainsi que pour sa vision burlesque de l’enfer, enfer dans lequel il se permet, une fois de plus, d’envoyer une gifle à Hollywood (on peut dire qu’il est un spécialiste), mais aussi par lequel il se permet de se foutre ouvertement de toutes les religions.

Par ailleurs, merci pour le clin d'œil à notre petit peuple, qui t'élirait comme tu le dis si bien pour ton slogan « nihilisme et cynisme, sarcasme et orgasme ».

Publicité
Commentaires
Les lignes et les images
Publicité
Derniers commentaires
Publicité